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اقتصاد Lettre ouverte à monsieur le Chef du gouvernement Elyés Fakhfekh: Un commandant ne sacrifie guère son équipage

نشر في  05 ماي 2020  (12:39)

Par Habiba Nasraoui Ben Mrad- Enseignante Universitaire à l'Ecole Supérieure de Commerce

L’armée des fonctionnaires représente une base de stabilité politique extraordinaire, ne faites surtout pas fausse route, en prélevant davantage sur leurs salaires.

D’autant plus que la solidarité ne peut être un acte forcé. Ceux qui vous soufflent de telles mesures, vous sont de très mauvais conseil.

Pas la peine d'y aller par quatre chemins, l'armée civile de n'importe quel Etat ; est constituée de ses fonctionnaires. Donc ne brisez pas cette chaîne de confiance, le risque serait insoutenable, le respect des règles et lois, ne doit en aucun cas devenir de la soumission, au risque de se transformer en bulle de colère et de protestation.

Le fonctionnaire Tunisien, déjà sous payé, comparé aux autres pays, mène au quotidien, une bataille de tous les fronts, entre inflation galopante, dépenses contraignantes, factures exorbitantes, frais bancaires prohibitifs, il a déjà du mal à s’en sortir, à joindre les deux bouts, alors n'en rajoutez pas une couche, et n'enfoncez pas davantage le couteau dans la plaie.

Un commandant, ne sacrifie guère son équipage, ni quitte en premier le navire. Un général ne laisse jamais tomber son armée.

Les grandes batailles ne se gagnent pas avec une armée affaiblie, rationnée, à laquelle on coupe les vivres.

Si en plus de l’angoisse générée par la crise sanitaire, le fonctionnaire, et le salarié en général, doit subir l’insécurité financière, je ne pense que ça soit de bon augure.

Près de 680 000 fonctionnaires, soit plus de 2millions de Tunisiens, voire plus, vivent sous la tutelle de l’Etat, et pour rien au monde, ils ne seraient enchantés d’une quelconque déstabilisation, ils n’y penseraient même pas à moins qu’ils n’y voient plus aucun intérêt, et que le sentiment d’injustice, grandissant ne l’emporterait.

Ajouté à cela, les fonctionnaires représentent aujourd’hui cette base, d’une classe moyenne, appauvrie certes, mais constituant, encore et néanmoins, un levier de croissance économique, celui de la consommation, très important, auquel l’Etat, devrait plutôt y recourir pour garantir la relance économique.

Le génie « fiscal » de vos conseillers ne doit pas se limiter à réduire à la soupe populaire, le salarié et le fonctionnaire, déjà surtaxé.

Les gardiens du temple « souci budgétaire », prennent pour cible « le contribuable », discipliné, le retenu à la source, et leur imaginaire, leur ingénierie, fiscale ou budgétaire, les mènent toujours à sacrifier les salariés sur l’autel de la rigueur budgétaire.

 Pour terminer, je dirai, monsieur, votre honneur, que, certes la solidarité est une valeur commune, que toute personne sensée, ne refuserait guère d’y adhérer, et qu’en situation de crise, tout le monde doit s’y impliquer, mais le juste équilibre doit être toujours maintenu et recherché.